PEID : Les industries culturelles et créatives au service de l’action climatique au MONDIACULT 2025

La table ronde « PEID : Les industries culturelles et créatives au service de l’action climatique » s’est tenue le 1er octobre 2025, dans le cadre de la Conférence mondiale sur les politiques cul-turelles et le développement durable – MONDIACULT 2025, organisée par l’UNESCO.


Inscrite à la programmation officielle de la Conférence, cette session a été sélectionnée parmi plusieurs centaines d’événements parallèles proposés par des États et organisations parte-naires, témoignant de l’intérêt croissant de l’UNESCO pour les liens entre culture, climat et dé-veloppement durable.
Initiée et organisée par la Commission de l’océan Indien (COI), en partenariat avec la CARICOM et la Communauté du Pacifique (SPC), la table ronde a réuni les représentants des quatre bassins océaniques —Atlantique, Indien, Pacifique et Caraïbes — autour d’un thème central : le rôle des industries culturelles et créatives (ICC) dans la résilience climatique des Petits États insulaires en développement (PEID).

Elle illustre le leadership de la COI dans la promotion d’une approche interrégionale de la culture comme levier d’action climatique, et dans la construction de passerelles entre les espaces insulaires.
Préparée et modérée par la coordinatrice du projet régional de développement des ICC en Indianocéanie, financé par l’Agence française de développement (AFD), la session a donné la parole à :

  • David André (Seychelles), Secrétaire général de l’Institut national de la culture, du patri-moine et des arts (SNICHA) ;
  • David Brown (Jamaïque), Directeur des politiques et de la recherche au ministère de la Culture, du Genre, du Divertissement et du Sport ;
  • Augusto Jorge de Albuquerque Veiga (Cabo Verde), Ministre de la Culture et des Indus-tries créatives ;
  • Emile Kairua (Îles Cook), Secrétaire au ministère du Développement culturel ;
  • Liesje Proveyer (Aruba), jeune professionnelle du réseau MondiaYouth, invitée à livrer la voix de la jeunesse insulaire.


Cette rencontre a exploré comment les industries culturelles et créatives (ICC) peuvent renforcer la résilience climatique des Petits États insulaires en développement (PEID). Les échanges ont fait émerger trois axes de plaidoyer partagés :

  • Préserver la mémoire et les savoirs ancestraux comme fondements de la résilience et de l’identité insulaire ;
  • Mobiliser la culture comme langage de résistance et de justice climatique, à travers les musiques, danses et expressions qui relient les peuples des îles ;
  • Donner voix à la jeunesse, pour qu’elle transforme la créativité, l’innovation et la technologie en solutions durables.

Axes de plaidoyer interrégional

Plaider pour l’intégration du patrimoine culturel dans les stratégies nationales d’adaptation au changement climatique. Les exemples du site de Tarrafal (Cabo Verde) et des vaka (Îles Cook) ont illustré combien la pro-tection du patrimoine matériel et immatériel constitue un levier d’adaptation, d’identité et d’édu-cation environnementale.
La préservation du patrimoine doit se construire avec les communautés, et non pour elles : son évaluation doit contribuer à améliorer la qualité de vie et le bien-être des populations. Le patri-moine est vivant — il appartient aux gens, porte leur mémoire et nourrit leur avenir.

  • Cabo Verde : mise en place d’un data center pour numériser et préserver les archives historiques.
  • Îles Cook : la culture comme ancrage identitaire — “Nous sommes des enfants de l’océan.” La diplomatie culturelle s’enracine dans cette identité maritime. Les ministres du Pacifique ont souligné que les pertes et dommages liés au changement climatique concernent aussi les traditions et biens culturels : financer la culture, c’est financer la résilience.

Promouvoir la culture comme vecteur de mobilisation. Des Moutya, Maloya et Sega de l’océan Indien aux batuque du Cabo Verde, Kumina ou tambu des Caraïbes, les percussions des îles portent une histoire commune de résistance et de dignité. Aujourd’hui revitalisés, ces rythmes deviennent des outils d’expression, d’éducation et de cohé-sion, unissant les communautés insulaires dans un même battement pour la justice climatique et sociale.
Aux Seychelles, le Moutya — autrefois acte de résistance — est désormais inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance mondiale ne doit pas figer la pratique dans le passé, mais au contraire en faire un symbole vivant de l’action climatique : transformer la mémoire de la résistance en éner-gie collective pour la protection de la planète et des océans. Chaque battement de tambour devient ainsi une manière de faire entendre la voix des îles, rap-pelant que la lutte pour le climat est aussi une lutte pour la dignité culturelle et la justice environ-nementale.
En Jamaïque, la musique – notamment le reggae – porte ce même message, mobilisant les cons-ciences autour de la justice climatique et réparatrice.

Encourager la jeunesse insulaire à transformer sa créativité en solutions durables. La représentante de MondiaYouth a porté un message fort au nom de la jeunesse insulaire. Les échanges intergénérationnels ont mis en lumière la volonté partagée de bâtir des ponts entre savoirs traditionnels et innovations contemporaines. Les “conseils des anciens” ont trouvé écho dans l’énergie des jeunes, et les responsables
politiques ont affirmé leur souhait de placer la jeunesse sur un pied d’égalité dans les espaces de décision. Cette dynamique plaide pour le renforcement des cadres de dialogue intergénérationnels, tels que les parlements régionaux de la jeunesse, essentiels pour associer les jeunes aux politiques culturelles et climatiques.

La session s’est conclue sur une forte dynamique collective et un message clair : “Bring justice to conversation and action.” La culture apparaît comme une boussole pour l’action climatique, un langage commun entre les îles, les générations et les océans. Du Moutya des Seychelles au batuque du Cap-Vert, les tambours des îles rappellent que la mé-moire n’est pas un écho du passé, mais une pulsation pour l’avenir — celle d’une humanité qui agit pour préserver sa Terre et ses identités.

Les îles ne sont pas petites : elles sont vastes par leur créativité, leurs savoirs et leur solidarité. Ensemble, les Big Ocean States font de la culture une boussole pour l’action climatique et un levier pour des futurs durables partagés.

 

Prochaines étapes
La COI prolongera cette dynamique à travers une série de webinaires “Culture & Climat”, en partenariat avec le Parlement régional des jeunes de l’océan Indien, afin d’explorer le rôle de la culture dans la résilience climatique, autour de thèmes tels que :

  • la protection du patrimoine,
  • la créativité post-crise,
  • les savoirs locaux,
  • la sensibilisation environnementale,
  • et le leadership des femmes et des jeunes dans la transition écologique.