LES TOTEMS DE L'AUBE I
Certaines expositions se contentent d’être posées dans un lieu. Les Totems de l’Aube, elle, se glisse dans un territoire déjà vivant.
Le projet pensé par Patricia de Bollivier a commencé à la Longère Sudel Fuma. L’exposition s’est construite à partir du vivant, de la marche, des remparts, des plantes qui mènent leur propre enquête depuis bien plus longtemps que nous. La pensée de Boris Gamaleya circule en arrière-plan, avec ses couches, ses voix et ses mythes qui se superposent.
À la Villa de la Région, le décor change. Le lieu est impeccable, lumineux, cadré. Un espace qui semble fait pour tenir les choses en place. Et pourtant, l’odeur du mourong, laissée par une performance, ouvre la visite avant tout le reste.
Ça rappelle une évidence : le territoire n’a jamais cessé de parler. Mais comment on habite une île qui a sa propre voix et qui continue de murmurer. Une île qui avance dans les interstices, dans les traces, dans les plantes séchées qu’on glisse dans un sachet?
Dans les salles, Catherine Boyer, Anne Fontaine, Karine Maussière, Florans Féliks Waro, Gwénaëlle Montigné et Chloé Robert traduisent chacune une manière de répondre.
Le tout se déploie tranquillement. Certaines pièces captent immédiatement, d’autres prennent leur temps. L’exposition avance comme une plante qui cherche où se poser : sans bruit, mais avec détermination.
Claire Viardet, 2025