Tana Design Week du 28 juin au 19 juillet 2025

Les mille déclinaisons du design à travers « Le Génie des plantes »

La troisième édition du Tana Design Week démontre l’inventivité inépuisable offerte par le design. A travers dix lieux d’expositions, cette biennale propose d’explorer différents univers de l’artisanat, à l’architecture en passant par la mode, le graphisme et la data-visualisation. Avec une programmation particulièrement riche composée notamment d’expositions, de visites guidées, de tables rondes, de conférences, ainsi que de master class, le design rime avec hybridité, dans la mesure où la transformation concerne à la fois des matières premières naturelles et des matières premières non biodégradables. Cette édition invite à repenser notre rapport à la nature et à explorer le potentiel des plantes comme source d’inspiration, d’innovation et de solutions durables. 


Tana Design Week est un projet initié par le collectif Johary Constellation avec notamment Domi Sanji pour commissaire général, Imke Plinta en tant que co-commissaire. Avec le concours du Docteur Baomiavotse Vahinala Raharinirina en tant que coordinatrice scientifique et d’Elia Ravelomanantsoa pour la coordination du projet mode.

Un collectif inter-îles qui agit sur « la transmission des savoirs et savoir-faire liés au végétal » 

La thématique du « Génie des Plantes » présente la particularité de mettre l’accent sur les matières premières naturels, ainsi que les savoir-faire traditionnels, ce qui permet également de rappeler les savoirs partagés entre les îles de l’Océan Indien. L’exposition « La route des plantes, le chant des forêts » met en avant le collectif éponyme avec différents acteurs qui œuvrent pour la valorisation des savoirs autour des plantes, ainsi que de leur transmission. Mélisande Plantey, fondatrice et pilote pour la Route des plantes, le chant des forêts rappelle le fait que « nos îles connaissent une érosion rapide de ces connaissances populaires. Les jeunes générations sont de plus en plus déconnectées des savoirs liés à l’agriculture familiale, à la santé naturelle, à l’alimentation durable, à la construction bioclimatique ou encore aux usages artisanaux des plantes ». 

Partager les savoirs et questionner les réalités inter-îles et au-delà

Un workshop intitulé : « Le bambou ressource d’avenir » a été réalisé le 15 juillet. La recherche et les échanges ont également été une part importante de la programmation, notamment avec une série de tables rondes qui s’est tenue le 16 juillet, et qui a fait intervenir des chercheurs et architectes des îles de la zone Océan Indien, dont Jawaad Issoop (Maurice), mais aussi du Maroc, d’Italie, de la France ou encore du Togo. Les trois thématiques concernaient spécifiquement « l’architecture comme écologie relationnelle » : « Décoloniser l’architecture et l’espace », « Architercure : ecosystems, bodies, and space », « Savoir situés : Low-tech vs High-tech ». 

Miser sur les plantes comme source d’inspiration, d’innovation et de solutions durables

Si le design a toujours été perçu comme une discipline axée sur une idée d’esthétique recherchée, la programmation de Tana Design Week démontre au contraire la vitalité du design qui apparait comme étant un outil de changement social. Autrement dit, le design sert au quotidien et ne devrait plus être considéré comme étant une abstraction lointaine et inaccessible. D’ailleurs, la thématique autour du « Génie des plantes » ne pouvait pas être plus proche de la vie quotidienne, étant donné que les participants (designers, artistes, architectes, chercheurs ou artisans) venus de Madagascar ou de l’international ont questionné les liens entre design, biodiversité, société et développement durable, en valorisant les savoir-faire locaux et en favorisant les échanges interdisciplinaires et internationaux. Dans la diversité de cette programmation, les matières premières naturelles sont présentées comme étant source de réflexion, notamment à travers l’exposition « Matière commune », mettant à l’honneur le raphia à la Fondation H, avec Ultra-ordinaire (Toulouse), Guylaine Ramanantsoa (Madagascar), Andrée Ethève (Madagascar) et Imke Plinta (Italie). Ou encore celle qui se tient à la galerie Vellutini sur le thème « Terres en dialogue » et qui concerne la céramique, avec les artistes Alice Aucuit (La Réunion) et Domi Sanji (Madagascar). La Ville des milles devient ainsi un espace de redécouverte de ses matières bien connues, mais qui sont réinventées et sublimées par l’élan créatif et écologique porté par Tana Design Week. 

Niry Ravoninahidraibe

Publié le 18/07/2025