Kinani, biennale internationale de la danse contemporaine s’est tenue durant toute une semaine principalement à Maputo et dans ses quartiers périphériques.
Avec plus de 25 spectacles et 17 compagnies représentées, le festival a fait vibrer les corps, les murs et les sols de la ville.
Quito Tembe de la production Iodine, et Idio Chichava de la Cie Converge+ sont les têtes pensantes de ce grand événement, plateforme chorégraphique créée en 2005 afin de soutenir et diffuser la création chorégraphique contemporaine du Mozambique mais aussi des territoires voisins et partenaires, comme la Réunion, l’Île-Maurice, Madagascar, Angola, Afrique du Sud, ou encore l’Espagne, la France, la Norvège, le Brésil, le Canada. Ce sont des artistes émergents qui sont représentés comme Yuck Miranda, Rostalina Dimande, Mai-Juli Machado, Osvaldo Passirivo, Francisca Mirine, mais aussi reconnus comme Janeth Mulapha, Idio Chichava, ou encore Stephen Bongarçon, Jérôme Brabant.
Le festival a ouvert ses portes avec « Dzudza », dernière création d’Idio Chichava avec 12 interprètes, inspirée du quartier animé Xiquelene, le chorégraphe prolonge sa réflexion entre tradition et modernité, autour du corps collectif et des luttes sociales. La pièce a été présentée au sein de l’historique « Cine Africa », haut lieu culturel abandonné depuis 15 ans et remis en ordre de marche par l’équipe du festival afin de pouvoir accueillir les publics et spectacles spécialement pour l’événement.
Chaque spectacle se déroule dans des lieux uniques et mythiques, souvent abandonnés mais remis en état par les équipes pour le temps du festival comme les Correios du Moçambique (ancienne poste de Maputo), ou encore le cinéma Scala et le Théâtre Avenida.
Le projet associatif Utopia dans le quartier de Mafalala, berceau de la culture mozambicaine, au sein duquel sont nés des figures historiques du Mozambique (Samora Machel, Joaquim Chissano - présidents, Eusebio da Silva Ferreira - footballeur et Crave-irinha - poète), accueille également le festival pour deux pièces de groupe chorégraphiées par deux jeunes artistes émergents mozambicains.
Le projet Utopia est une association exemplaire, auto-financée, qui œuvre énormément pour le milieu artistique et le jeune public du quartier, en mettant notamment en place des résidences artistiques et techniques, des représentations mais également des ateliers pour les enfants.
L’association culturelle de Casa Velha est le siège principal du festival dans lequel se déroule chaque matin des discussions entre professionnels. La Casa Velha a vu grandir la majorité des artistes du festival, c’est un lieu culturel très marquant dans le paysage du spectacle vivant à Maputo.
Chaque après-midi s’est un programme chargé qui se déroule avec 5 spectacles dans différents lieux. Le CCFM (Centre Culture Franco Mozambicain) accueille également des solos et pièces de groupe. Enfin, le Quatro Andar accueille en fin de semaine une soirée entière de performances de jeunes artistes se déroulant pendant plusieurs heures de déambulation des publics entre les différents étages de cette tour brute en plein milieu de la ville.
Le festival nous montre des corps politiques, qui pensent, rêvent, crient, se révoltent contre le système, la violence et les inégalités. On entend l’écho de la colère dans ces écritures chorégraphiques mais aussi celui de la joie de trouver de la force et un espace d’expression au travers de la danse qu’elle soit collective ou solo. Le festival nous rappelle à chaque instant de lutter pour la liberté des corps et des voix, avec force mais aussi dans la douceur qui émanent des chants et de la solidarité ambiante du festival. Non seulement les équipes artistiques performent et créent mais elles coordonnent aussi tout le festival. C’est une grande œuvre collective qu’offre Kinani, une expérience unique dont on ne peut revenir que transformé. L’événement remet en lumière les bienfaits du partage, des rencontres et du pouvoir du collectif dans un contexte politique incertain et violent.
MUGUANGUENI
Training international de danse
Macaneta 1er-12 décembre 2025
À la suite de Kinani se déroule la formation internationale de danse contemporaine et traditionnelle du Mozambique. Durant 2 semaines, 40 danseurs et danseuses issus d’Afrique et d’Europe se réunissent pour une formation intensive en danses et chants traditionnels du Mozambique, et en danse contemporaine.
Chaque matinée s’ouvre sur les danses traditionnelles du Mozambique transmises par Horacio Macuacua et Osvaldo Passirivo ou encore l’artiste Lena Bahule (chant et danse). Chaque cours est accompagné par un groupe de percussionnistes.
Ce sont aussi des artistes comme Berta Contijoch, artiste pluridisciplinaire entre danse et cirque ou encore Wim Wanderkeybus, chorégraphe de renommée internationale et Puma Camillê, performeuse capoeiriste et vogueuse qui font partis du programme. Autant de disciplines différentes qui se complètent et permettent aux corps au fil des jours d’incorporer rythme, coordination et fluidité.
Muguangueni c’est avant tout la rencontre et le partage entre différentes cultures, différentes danses, du Nord et du Sud du Monde. Professeurs comme participants vivent et mangent ensemble. Pratiquement tous les soirs des concerts et fêtes d’artistes du Mozambique ou des pays voisins sont organisés, mais aussi des moments de cuisine collective. Un programme bien chargé qui permet à chacun de se rencontrer dans la danse mais aussi dans des moments plus informels du quotidien.
Comme Kinani, c’est une grande œuvre et performance collective qui se crée au fil des jours.
Anaïs Garcia
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