Dimanche dernier, éditeurs, auteurs, illustrateurs, professionnels du cinéma, des arts de la scène et du jeu vidéo se sont réunis pour échanger autour des enjeux culturels en Indianocéanie.
Organisée dans le cadre du projet ICC de la Commission de l’océan Indien, cette rencontre a permis de croiser les regards entre créateurs et de faire émerger des pistes concrètes pour mieux faire circuler les récits, les œuvres et les imaginaires de l’Indianocéanie.
Thèmes au cœur des échanges
Les discussions ont mis en lumière des défis partagés entre les filières du livre et de l’audiovisuel, mais aussi la nécessité d’une approche transversale pour renforcer tout l’écosystème culturel de l’Indianocéanie :
- Création locale : donner du temps et des espaces aux artistes pour créer et se rencontrer — à travers des résidences inter-îles, des ateliers collectifs et des programmes de co-création favorisant la collaboration entre disciplines et territoires
- Diffusion et visibilité : permettre aux œuvres et aux récits de la région d’exister davantage sur nos écrans, dans nos librairies et sur les scènes internationales, en soutenant les réseaux de diffusion, la circulation des œuvres et la présence des artistes sur les marchés régionaux et mondiaux
- Financement : dans la plupart des pays, il reste à mettre en place des dispositifs dédiés au soutien à la création et à la production culturelle, et à rendre pleinement opérationnels ceux qui existent déjà — comme le Film Rebate Scheme à Maurice. Les participants ont aussi souligné l’importance de mettre en place une fiscalité incitative
- Coût du livre : encore trop élevé pour les éditeurs insulaires. Comme l’a souligné Shenaz Patel, « On doit cesser de faire les mules » — une formule qui illustre l’absurdité d’un système où faire imprimer un livre à des milliers de kilomètres coûte moins cher que de le produire localement
- Volonté politique : affirmer la culture comme un secteur stratégique du développement, créateur d’emplois et de valeur ajoutée. Cela implique une volonté publique claire, mais aussi la production de données économiques fiables pour mesurer l’impact réel des ICC et asseoir la légitimité des politiques culturelles
- Éducation et formation : renforcer les liens entre écoles, universités et créateurs pour ancrer les œuvres de l’Indianocéanie dans les programmes d’enseignement, tout en développant des formations professionnelles ciblées — notamment dans les métiers clé de chargé·e de production et de manager culturel
Les participants ont également insisté sur la nécessité de consolider un appareillage critique — chercheurs, journalistes, critiques, programmateurs — afin de mieux documenter, analyser et promouvoir la création contemporaine régionale.
💡 Idée forte
Associer les professionnels du livre et de l’image pour réfléchir ensemble aux défis communs :
Comment faire exister les imaginaires de l’Indianocéanie sur la scène régionale et internationale ?
Les échanges ont montré que les obstacles sont similaires d’une filière à l’autre — visibilité limitée, manque d’appareillage critique, financements insuffisants — mais que les solutions peuvent être partagées :
- coédition et coproduction pour mutualiser les coûts ;
- création d’espaces de discussion et d’échange pour fédérer les professionnels et renforcer la coopération régionale ;
- développement d’un réseau critique et académique pour accompagner et faire vivre les œuvres de l’Indianocéanie, etc.
Au-delà des constats, cette rencontre a confirmé une volonté commune : agir collectivement pour renforcer les filières culturelles de la région et construire des modèles économiques durables.
Les participants ont insisté sur l’importance de la co-création, de la coopération inter-îles et d’un soutien public structurant pour donner à la culture toute sa place dans le développement régional.
Focus – Le Fonds de co-création Indianocéanie
Cette discussion fait écho au Fonds de co-création Indianocéanie, mis en place par le projet ICC pour soutenir la création inter-îles.
Un fonds dédié pour encourager la collaboration artistique et créative entre les îles de la région, tout en développant le marché et l’offre artistique.
Actuellement, cinq projets sont soutenus par ce fonds à travers la région, incluant les Comores, Madagascar, La Réunion et Maurice. Ces projets couvrent diverses disciplines telles que la musique, les arts de la scène, l'audiovisuel et le cinéma, mettant en lumière la richesse créative de l'Océan Indien.
Cinq projets supplémentaires seront soutenus dans le cadre du second cycle. Suivez les actualités pour découvrir les prochains projets créatifs soutenus par cet appel.